Le graphique que vous avez sous les yeux est une véritable fresque d’art contemporain. D’un côté, la fiscalité sur les entreprises et le travail grimpe, grimpe… comme un chat sur un rideau fiscal. Chaque décennie, on se dit : « Bon, là c’est sûr, on a atteint le plafond ». Et la décennie suivante répond : « Tiens ma baguette, regarde bien. »
Pendant ce temps, la dette publique suit le même régime : un régime à base de croissants et d’intérêts composés. Elle monte fidèlement, comme un bon élève en escalade budgétaire, accompagnant la fiscalité dans une valse des pourcentages du PIB qui donnerait le tournis à un ministre des Finances. Et au fond du graphique, en pointillés timides, on aperçoit le PIB qui essaie de suivre le rythme, essoufflé, en murmurant : « J’arrive… mais sans promesse. »
Chaque pic d’impôt est suivi d’un creux de croissance, et chaque creux de croissance inspire… un nouveau pic d’impôt ! C’est un peu comme si, face à une voiture en panne, on décidait de rajouter des bagages sur le toit en se disant que ça aidera à la faire avancer.
Mais attention, tout cela n’est pas sans logique. Quand la croissance ralentit, les recettes fiscales stagnent, la dette augmente, et que fait-on ? On invente un impôt écologique, numérique, solidaire, ou sur les sodas au quinoa, peu importe : l’essentiel, c’est que ça rapporte un peu… ou au moins que ça donne l’impression qu’on agit.
Le résultat ? Une magnifique boucle économique : plus on taxe, plus les coûts montent, plus la compétitivité baisse, plus la croissance s’essouffle, plus les déficits se creusent, et donc plus on taxe. C’est un peu comme une machine à laver programmée sur « essorage infini ».
Et pourtant, malgré tout, la France continue de fonctionner, de produire, d’innover, de râler — surtout de râler — avec une élégance toute nationale. On pourrait même dire que c’est devenu une spécialité d’exportation : nos économistes pourraient breveter le concept de la « croissance fiscale négative mais citoyenne ».
Alors, quelle solution ? Certains proposent de réduire la dépense publique, d’autres de libérer le travail. Mais soyons honnêtes : dans ce pays, la vraie solution qui met tout le monde d’accord, c’est de créer une nouvelle taxe pour financer la réflexion sur la baisse des taxes. Voilà qui aurait au moins le mérite de la cohérence… à la française.
En attendant, la courbe des impôts continue son ascension vers le ciel, celle de la dette la rejoint bras dessus bras dessous, et le PIB fait de son mieux pour ne pas se perdre en route. Un trio comique digne d’un film de Jacques Tati : absurde, grinçant, mais indéniablement français.